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WIT ActU – Chronique 1 – Le sexisme

Bienvenue dans cette première chronique associée à l’initiative « Women in IT ». Au fur et à mesure de ces publications, vous pourrez vous sensibiliser, apprendre et/ou vous inspirer afin de lutter pour l’égalité hommes-femmes dans le milieu du travail avec un focus sur l’IT.  

Ces chroniques sont rédigées par un.e collaborateur.trice d’ACENSI (membre de Women in IT ou non) sur ces thèmes en parallèle de nos publications WIT ActU. Il s’agit ici de partage d’opinion et de réflexion personnelle. Si vous avez des idées de publications, voulez partager vos idées et vos avis, nous vous encourageons à contacter Women in IT (womeninit@acensi.fr).

Ce premier volet parlera du sexisme tel que j’ai pu le voir, de comment s’en éloigner ainsi que de l’égalité hommes-femmes en général et l’impact au travail. Nous découvrirons, par la suite, comment identifier et réagir face à des comportements ayant des biais sexistes ou faire un état des lieux sur l’avancée et les idées de cette grande lutte à travers le monde.

Ce sujet nécessitant d’éduquer et de s’éduquer, n’hésitez pas à le partager à vos proches, mais surtout à vos enfants. Les futures générations ne peuvent et ne doivent pas grandir et se modeler dans un monde où les femmes ne sont pas respectées, où cette notion de mâle alpha, qui ne pleure jamais et qui doit se faire respecter à tout prix, existe. Nous le verrons plus tard, mais n’oubliez pas que cela fait du mal et met en danger les femmes. Cela a également des répercussions sur les hommes, par le culte de la performance et de la virilité. Vous, lecteur.trices, êtes quoi qu’il arrive victimes du sexisme, à des niveaux et avec des répercussions bien différentes. 

Définition du sexisme systémique 

Pour cette définition, j’ai choisi de vous présenter celle de l’association Belge stopausexisme :  

« Le sexisme est une idéologie qui repose sur l’idée que les femmes sont inférieures aux hommes. Ses manifestations sont très diverses : des formes à l’apparence anodines (stéréotypes, « blagues », remarques) jusqu’aux plus graves (discriminations, violences, meurtre). 
C’est le principal obstacle à l’égalité réelle entre les femmes et les hommes. » 

Ce choix-là est surtout justifié par la dernière phrase, qui démontre que la question d’égalité hommes-femmes au travail est, ni plus ni moins, une question de sexisme et que celui-ci peut s’exercer de plein de manières différentes. Il est systémique, c’est à dire qu’il est par défaut partout et en permanence, même via des faits qui pourraient sembler habituelles. 

Rappel important : Par femme, nous entendons toutes les femmes, de sexe ou de genre. La lutte pour l’égalité hommes-femmes au travail ne peut PAS se faire en excluant une partie de ces femmes. 

Judith Butler évoque ce sujet dans son livre “trouble dans le genre”. Elle émet une critique autour du féminisme, qui se base sur le fait que les femmes luttent contre le pouvoir des hommes, car cela s’inscrit dans cette base “solide” qu’est l’hétérosexualité obligatoire, qui ne parle que de deux sexes et où le genre n’a pas sa place.  

Dans cette chronique, nous n’allons pas trop nous étendre sur ces distinctions car, même si nécessaires et essentielles, le niveau de base sur le respect et l’équité hommes-femmes n’existe pas. Nous allons voir plusieurs approches du sexisme : celui que l’on voit en entreprise et comment l’entreprise en tant qu’entité peut et DOIT y pallier, ainsi que celui que l’on voit dans la vie de tous les jours et qui se répercute forcément au travail. (Pour rappel : 1142-2-1 du Code du travail est ainsi libellé : « Nul ne doit subir d’agissement sexiste, défini comme tout agissement lié au sexe d’une personne, ayant pour objet ou pour effet de porter atteinte à sa dignité ou de créer un environnement intimidant, hostile, dégradant, humiliant ou offensant ».) 

Concrètement, que faire en entreprise ?   

Le sexisme est partout, la preuve en est du rapport 2024 du Haut Conseil à l’Égalité sur le sexisme (https://www.haut-conseil-egalite.gouv.fr/IMG/pdf/hce_-_rapport_annuel_2024_sur_l_etat_du_sexisme_en_france.pdf) . Ce rapport nous montre, chiffres à l’appui, que ce sexisme, en plus d’être omniprésent, se banalise et grandit. Le WIT ActU qui vous a amené ici le montre très bien et toutes les sources sont mentionnées pour prouver ces faits.    

Concrètement : tournez la tête à droite, puis à gauche. Vous voyez une de vos collègues ? Selon l’INSEE, elle est payée 24% (https://inegalites.fr/Les-inegalites-de-salaires-entre-les-femmes-et-les-hommes-etat-des-lieux)  de moins que vous à heures et compétences égales.  

Vous trouvez cela normal ? Vous n’avez pas spécialement d’avis car vous n’en savez rien ? Alors, je vous invite à lire attentivement ces chroniques en cours et à venir. Peut-être que cela vous choque et que vous souhaitez essayer de faire changer les choses, à votre niveau. Alors, j’espère que vous trouverez tous les supports nécessaires dans cette chronique et celles à suivre.  

En entreprise, il ne faut pas rêver, vous ne pourrez tout changer. Mais l’éducation ne suffisant pas, autant trouver de nouveaux cadres pour sensibiliser le plus possible et, surtout, sanctionner les comportements inadéquats.  

En tant qu’entreprise, il vous incombe de recruter des femmes au même titre que des hommes, l’identité de genre ne devrait être un critère. Il vous incombe aussi d’augmenter les femmes et, globalement, de les payer au même titre que les hommes, tout comme de garantir une équité dans des promotions accordées. Il est aussi temps de mieux respecter la réglementation en vigueur : demander si une femme a un enfant ou si elle compte en avoir n’a absolument rien à faire dans les critères de recrutement. Cela représente un risque non négligeable de discrimination à l’emploi. Chose encore plus gênante, c’est si vous le faites ou l’avez déjà fait. Vous savez que la femme est souvent la personne portant la charge mentale liée aux enfants et vous cautionnez, sans vous indigner, ce sexisme systémique.  

Je vais partager, ici, d’autres exemples de sexisme banalisé auxquels j’ai pu assister ou sur lesquels j’ai pu avoir des témoignages :  

Une femme arrive dans une entreprise, elle a un statut cadre avec un poste bien défini et clair pour tous. Un homme, pensant être original et hilarant, lui dit : “ça doit être la nouvelle secrétaire”.  

Non, ce n’est pas drôle. Non, ce n’est pas original. C’est tout simplement une intention de rabaisser les femmes à un stéréotype, faisant fi de ses qualifications (quand bien même il n’y a absolument aucune honte à être secrétaire ou à exercer n’importe quel métier). Quand une personne est recrutée pour un poste, faire une blague portant sur le fait qu’elle pourrait en occuper un autre en raison de son genre n’est qu’un moyen de dévaloriser, et avoir besoin de ça pour s’affirmer devrait vous remettre en question. 

Un autre exemple, plus fourbe dans l’absolu, car plus difficile à percevoir. On pourrait l’apparenter aux “Claudettes”, qui consiste à appeler une femme en fonction du prénom ou du surnom d’un homme qui a le même poste ou qu’elle remplace. Il s’agit d’une invisibilisation de la femme. Pas uniquement de son travail, comme lorsque les femmes ont plus tendance à être victimes de mansplaining (expliquer à une femme ce qu’elle sait déjà parce que c’est une femme, elle ne sait forcément pas…), de manterrupting (couper la parole plus facilement à une femme qu’à un homme) mais vraiment de la femme, en tant qu’être humain à part entière.  

*Ne vous méprenez pas, il ne s’agit pas d’un cas spécialement isolé où on ne nomme pas une femme par son nom/prénom. Il suffit de regarder la très intéressante page Wikipédia “d’une femme” (https://fr.wikipedia.org/wiki/Wikipédia:Pastiches/Une_femme) qui liste tout ce “qu’une femme” a pu faire, selon les grands titres de journaux, sans jamais être nommée. 

Je n’ai même pas eu besoin de chercher outre mesure pour avoir ces témoignages tellement ils sont récurrents en entreprise. Alors je vous le demande, membres de l’exécutif : quand allez-vous réellement mettre en place un vrai système de sanction et de sensibilisation pour que ces cas, et tous les autres, puissent enfin s’arrêter ?  

Est-ce suffisant ?  

Vous avez sûrement déjà la réponse, bien sûr que non, malheureusement. En effet, quand bien même une entreprise décide d’avoir la meilleure équité possible, donc une équité parfaite d’origine, d’orientation et de genre, cela ne pourra changer la manière dont les gens se comporteront.  

Pour cela, il y a deux grandes possibilités :

La première est de sensibiliser les gens mais surtout que les gens se sensibilisent d’eux-mêmes. C’est une démarche qui doit obligatoirement venir des gens, on ne peut être sensibilisé et être le meilleur allié possible sans le vouloir. 

La deuxième possibilité, comme vu plus tôt, est de sanctionner à sa juste valeur toute dérive, petite ou non. C’est un constat en un sens triste, mais réel. Si les gens craignaient les sanctions possibles en agissant d’une manière non tolérable, alors ils ne le feraient pas, quand bien même iels en auraient envie.  Cela permettrait aux femmes d’avoir une tranquillité, certes non due à une évolution de pensée, mais une tranquillité quand même.  

Pour la première partie, en tant qu’homme, nous pourrions être tenté de nous dire que tout cela est exagéré, que ce n’est pas possible que ce soit aussi présent et fort que ce que l’on nous dit, mais soyons factuels. N’avez-vous jamais entendu de réflexion sur des métiers réservés aux femmes ? De réflexions sur la tenue d’une femme ? (Ne va pas voir tel client, tel fournisseur, telle personne, avec un décolleté ou une robe/jupe trop courte. Ou pire encore, inciter la femme à “mettre en valeur ses atouts”) N’avez-vous, surtout, jamais vu une réunion où des femmes n’ont pas été écoutées ? Pire encore, où leurs idées ont été spoliées par des hommes ?  

Si la réponse à toutes les questions est « non », vous avez une chance incroyable…ou alors vous ne vous en rendez pas compte. Nous sommes tellement habitués à voir cela dans le monde de tous les jours que nous ne le remarquons pas. Pire encore, vous le faites volontairement et, dans ce cas, ces chroniques ne vont pas vous plaire. Je vous invite à faire cet exercice, d’être plus attentifs, vigilant.es et d’observer autour de vous pour voir combien de fois ce genre de situation peut se produire.  

C’est pour cela que des initiatives sont nécessaires : pour sensibiliser, dénoncer au mieux les comportements qui sont, à différents niveaux, liés au sexisme. C’est en le montrant que les gens pourront identifier des situations non appropriées et réagir d’une façon qu’il faut aussi apprendre. 

Le point névralgique pour que ces initiatives puissent réellement fonctionner est le courage. En effet, il est trop facile, voire tentant, de tomber dans le « purple washing », dans le féminisme plat uniquement là pour démontrer que l’entreprise « fait des efforts » sans réellement en faire. Or, c’est la sensibilisation qui compte réellement, pour gommer les inégalités en profondeur et non pas seulement commercialement parlant. Pour cela, il ne faut pas craindre de dire les choses et de heurter. C’est en heurtant que l’on sait que l’on marque et que l’on peut identifier les réactions négatives afin de les contrer. 

Comme beaucoup d’associations peuvent le dire, on ne naît pas féministe (dans le sens éveillé et sensibilisé sur le traitement, inégal, que subissent les personnes identifiées femmes), on le devient ; tout simplement car on grandit dans une société patriarcale qui sous-tend qu’il est impossible, surtout pour un homme qui, par sa naissance d’homme, aura plus facilement des privilèges, d’agir dans une équité réelle. C’est donc un travail que l’on doit tous et toutes accepter et surtout vouloir faire pour mieux nous comporter, pour mieux détecter les situations anormales et savoir y réagir. Il faut pouvoir se dire que oui, notre éducation, notre manière d’être, n’est pas la bonne. 

Et là, vous vous dîtes potentiellement que ce papier est un ramassis de conneries, que c’est trop engagé. Ou alors vous vous dîtes que ce papier n’est que la base, que l’on n’effleure qu’à peine les problèmes multiples et variés des inégalités liées au sexisme. Et c’est drôle, parce que si vous êtes dans la première possibilité, il y a de grandes chances que vous soyez un homme, là où si vous êtes dans la deuxième, il y a, à contrario, de grandes chances pour que vous soyez une femme. 

Si vous vous reconnaissez en lisant et que ma prédiction est bonne : je ne suis pas Nostradamus, je ne suis qu’un homme, et un homme ne pourra jamais parler à la place d’une femme. Car, même si nous pouvons voir, comprendre ce qu’il se passe, ce qu’il se joue, nous ne pouvons imaginer l’impact de tous les actes sexistes sur les femmes, qu’importe leurs formes, tant ils peuvent être répétés et violents. Alors il semble normal, au vu de tout ça, qu’une femme puisse penser que ce n’est pas assez. Et c’est tristement normal, pour un homme, que ce soit trop, parce qu’il faut se remettre en question, parce qu’il faut faire une introspection sur soi et que ce n’est pas agréable. Pourtant, ça n’en est pas moins nécessaire.  

Alors, n’attendez pas pour commencer à agir. Des associations féministes, il en existe des dizaines en France. Des podcasts, des vidéos, des influenceuses féministes qui sont là pour vous ouvrir les yeux et vous montrer tout ce qui ne va pas, il y en a des milliers. 

Et surtout, n’oublions pas, comme vu au début, que ce que l’on voit ici concerne les femmes, dans le sens “usuel” et “désuet” du terme mais que si cette personne est racisée et/ou non hétérocentrée, ce style de comportement et la violence qui va avec peut être décuplée.  

Nous avons pour but, au sein d’ACENSI et avec Women in IT, de faire changer les lignes, de sensibiliser au mieux et de proposer les meilleures solutions possibles de soutien et de réactions à des situations qui ne passent pas.  

Remerciements  

Pour la rédaction de cette chronique, je tiens à remercier toutes les femmes au sein de l’initiative Women In IT, pour leur relecture ainsi que leur retour sur ce qui a été écrit.  

Un remerciement spécial pour Cindy ROLLAND et Eva MARKIEWICZ avec et grâce à qui la chronique a pu être écrite et surtout évoluer. 

On ne le dira jamais assez, mais merci surtout à toutes ces femmes qui osent parler, sensibiliser et dénoncer, au péril de leur sécurité ou de leur santé mentale. C’est grâce à vous que les mentalités peuvent changer, écoutons-les.

Rédigé par Thibault BOUQUELLOEN 

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